Lectures de Rôle #25

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Je lis pleins de JDR. Beaucoup de petits trucs indés dénichés sur itch.io ou ailleurs. Alors, parce qu’il n’y a pas que Donjons & Dragons ou L’Appel de Cthulhu dans la vie, voici une petite sélection de mes dernières lectures ! N’hésitez pas à commenter pour en savoir plus, pour donner votre avis sur ces jeux ou pour me parler de vos dernières découvertes.

Kingdom, par Ben Robbins

Kingdom est un jeu sans meneur de Ben Robbins, auteur également de Microscope ou de Follow (d’autres jeux sans meneur). J’avais apprécié à la lecture Follow, qui proposait un jeu à la Fiasco, mais avec une ambiance plus positive, à base de quête à remplir. Un jeu auquel je n’ai malheureusement encore jamais joué. Et donc, maintenant, Kingdom.

Dans Kingdom, on va donc jouer un royaume et suivre son évolution en incarnant des personnages-clés. L’objectif du jeu est de se confronter à des décisions majeures, des Carrefours (Crossroads) pour lesquels les joueurs décideront des conséquences et de l’avis du royaume, puis choisiront la route à prendre. Pour cela, chaque joueur aura un rôle identifié parmi trois : celui qui annonce les issues possibles (Perspective), celui qui annonce le ressenti de la communauté (Touchstone), celui qui décide (Power).

Chacun de ces rôles amène des responsabilités différentes, et nos personnages pourront être amenés à changer de rôle au cours de la partie. Et pour découvrir ces personnages, on jouera des scènes improvisées mettant en jeu ces choix et des personnages secondaires. Le jeu propose toute une série de Royaumes, du classique royaume médiéval fantastique au club de fans d’anime, en passant par une compagnie pharmaceutique révolutionnaire, les premiers colons sur Mars… Chaque royaume vient avec sa liste de personnages, des conflits possibles et des pistes à explorer.

Pour suivre le travail de Ben Robbins depuis plusieurs années (Follow), on sent que le jeu a été travaillé, testé, joué. Les conseils sont nombreux, les règles très claires. Maintenant, je ne sais pas si la manière de gérer les trois rôles, la façon dont on peut en changer, me conviendra autour d’une table. J’ai l’impression que le jeu est trop freeform à mon goût, et qu’il manque un peu de cadrage (alors que les rôles et objectifs de chaque entité sont bien définis). C’est clairement un jeu qui demande à être testé pour valider ou infirmer cette impression. Et c’est un jeu qui donne d’excellentes pistes pour tout amateur de World-Building collaboratif.

Découvrez Kingdom sur itch.io.

Conspiramancy, par Bioluminescence

Voici un jeu solo qui nécessite comme matériel principal un livre. Rien que cette proposition avait de quoi m’intriguer. Et en parlant d’intrigue… Dans Conspiramancy, on va écrire le journal d’un personnage qui découvre une conspiration cachée derrière les lignes d’un livre. On va parcourir le livre et en ressortir des prompts étranges, cryptiques. En prenant les trois premiers mots des deux premières lignes de dialogue d’une page. En prenant six mots presque au hasard dans une page. Et tout cela amènera à des prompts sur lesquels on s’appuiera pour raconter une histoire fiévreuse de conspiration, de danger, d’ennemi.

Si vous avez lu Le Club Dumas ou vu La Neuvième Porte, vous avez une idée de l’ambiance que souhaite insuffler le jeu. J’ai pour ma part fait une incursion avec Neverwhere de Neil Gaiman, et j’ai réexploré un Londres très étrange issu du livre. Le livre choisi fait partie de l’histoire, et je pense qu’il est important de bien le choisir.

Les règles de création de prompts sont parfois assez lourdes à mettre en place, et les prompts cryptiques sont parfois compliqués à interpréter. Mais cela joue sur l’ambiance nerveuse. On va créer quatre types d’éléments : des Endroits, des Personnes, des Secrets et des Objets. Ces éléments vont venir enrichir notre histoire à chaque étape, et le livre servira de moteur aléatoire. Chaque livre proposant des éléments et une ambiance totalement différente.

Si vous êtes amateur de solo et que jouer autrement vous intrigue, je ne peux que vous conseiller Conspiramancy. C’est une expérience particulière, qui joue avec le quatrième mur en utilisant un objet de notre réalité comme support et clé pour l’histoire que nous allons raconter, en l’intégrant dans cette histoire.

Conspiramancy est disponible sur itch.io

Brinkwood, the Blood of Tyrants, par Far Horizons Co-op

Dans Brinkwood, nous allons jouer une rébellion. Dans un univers dominé par des vampires, qui utilisent la population comme bétail et main d’oeuvre asservie, nous allons jouer des personnages à la marge qui entament puis mènent une rébellion pour faire tomber ce gouvernement dictatorial. C’est sans concession, violent et parfaitement cadré.

L’univers est abordé de manière intelligente, avec les grandes lignes tracées, mais beaucoup d’espace laissé aux joueurs et aux meneurs. Celui-ci devra par exemple sélectionner le maître-vampire parmi une sélection de trois, qui va donner un ton à la campagne (Noblesse et industrie, Paranoïa et déviance, Body horror …). Restons sur les vampires avec une idée excellente qui donne le ton du setting : les vampires ne sont pas tragiques. Leur état n’est pas une malédiction : c’est un choix. Un choix entretenu, puisqu’il est possible pour eux de renoncer à cet état (mais sans doute aussi à leur statut). C’est une idée qui renforce encore plus la conviction de la rébellion, à mes yeux. Une grande idée.

Au niveau du jeu, les joueurs incarnent donc des rebelles. Le système de jeu est basé sur Blades in the Dark. On retrouve le même découpage entre missions (sabotage, assassinat, enlèvement …) et « downtime« . Pendant celui-ci, on réalise des projets personnels, on fait progresser la rébellion (qui a ses propres marqueurs), et on prépare notre prochaine action. Les personnages ont un rôle, et un masque. Ce masque, fait de bois magique, a sa propre fiche. Il procure des pouvoirs, et peut s’échanger au gré des missions entre les joueurs. Ils sont fournis par des alliés des joueurs. Parce qu’ils sont aidés par la forêt de Brinkwood et ses habitants, un peuple fée. Qui a son propre agenda. Qui les protège des vampires, que le bois et la cendre contrarient. Cette position alimente le côté nuances de gris de l’univers.

Brinkwood est un jeu à campagne, dans un univers dur avec des choix difficiles. Il sait bien les mettre en avant, et les expliquer. L’univers particulier et les choix forts qui le tiennent font sacrément envie. Reste l’inconnue Forged in the Dark, qui me semble souvent difficile à la lecture (avec ses différents curseurs à placer pour chaque action). Mais la lecture donne sacrément envie d’y plonger.

Brinkwood est disponible sur itch.io et DriveThruRPG. Une version PoD existe, un playtest kit pour se faire une idée également, tout comme un codex pour l’univers.

Evergreen Wilds, par Disaster Tourism Games

Voici un jeu solo qui se présente sous la forme d’une brochure trois volets (le fameux format pamphlet). Un format parfaitement dans le ton, magnifiquement mis en page.

Dans ce jeu, on va incarner un garde forestier qui va recevoir divers appels et les traiter. Oui, un peu comme dans Foxtrot Whisky, un jeu que j’aimerais un jour remanier (et Evergreen Wilds me donne des pistes pour ça).

Le format brochure permet de présenter le jeu comme une sorte de guide interne des gardes forestiers. Il y a une carte topographique, un questionnaire d’entrée, le ton est donné et permet de s’imerger.

Au niveau du système, on est sur de la génération de prompts via des combinaisons de mots-clés. Charge au joueur ensuite de créer son histoire autour. On combine un tirage de carte, qui va nous donner la météo et un adjectif, avec un lancer de D20 (un lieu) et de D66 (un mot-clé).

C’est léger mais suffisant, et parfaitement mis en page. Si vous voulez imaginer quelques semaines en tant que garde forestier, si vous venez de terminer Firewatch et êtes en manque : c’est fait pour vous !

Evergreen Wilds est disponible sur itch.io

Legend has it, par Adam Bell

Voici un jeu très atypique, où l’on va encore utiliser un livre (en fait, plusieurs) comme support. Le deuxième de cette liste, serait-ce une nouvelle tendance (ou une nouvelle de mes marottes) ?

Dans ce jeu sans meneur de jeu, on va raconter une histoire en mêlant différentes trames. Cela pourrait être un récit de guerre, la genèse d’une mythologie, l’histoire d’un objet ou d’un héros…

Le jeu, entièrement en cartes, va utiliser un double tirage. Le premier représente des trames. On commence avec une trame, puis deux puis trois pour atteindre la conclusion. Ces trames vont parfois s’arrêter, se croiser. Chaque fil que l’on va ainsi suivre correspondra à un livre. Un livre dans lequel on ira piocher une phrase, qui servira de déclencheur à l’histoire que nous raconterons. C’est le deuxième tirage, des cartes indiquant la page, le paragraphe à consulter.

A partir de là, on raconte une scène, une vignette, une anecdote en lien avec l’histoire globale, mais qui suit la ligne sur laquelle nous nous trouvons. Nous aurons ainsi plusieurs petites histoires (les lignes) qui formeront l’ensemble de notre récit.

Le jeu est proposé dans une forme physique, mais aussi doublement numérique. Une version print N play tout en couleurs ou en noir et blanc (excellente initiative !), mais aussi une version compatible avec un site de tirage de cartes. Un sacré boulot qui facilitera la mise en place de parties en ligne !

J’ai rapidement testé l’ensemble en solo, et ça fonctionne vraiment bien. Les cartes avec les trames qui se croisent sont bien vues, ergonomiques, et une fois le concept saisi, tout se déroule très facilement. Il faut par contre prévoir de jouer avec une réserve de livres. L’idéal ? Jouer dans une bibliothèque où l’on pourra se saisir d’un livre à la volée pour l’intégrer dans notre histoire.

J’aime ce genre propositions atypiques, et j’ai hâte de pouvoir l’essayer avec d’autres personnes. De nombreuses variantes sont proposées, et il s’agit vraiment d’une base pour créer un récit. On n’incarnera pas de rôle ici, et cela pourrait l’éloigner clairement du spectre des JDR. Mais ce côté créateur d’histoire me botte tellement que je me devais de l’inclure ici.

Legend has it est disponible sur itch.io et

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