Lectures de Rôle #33

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Je lis pleins de JDR. Beaucoup de petits trucs indés dénichés sur itch.io ou ailleurs. Alors, parce qu’il n’y a pas que Donjons & Dragons ou L’Appel de Cthulhu dans la vie, voici une petite sélection de mes dernières lectures ! N’hésitez pas à commenter pour en savoir plus, pour donner votre avis sur ces jeux ou pour me parler de vos dernières découvertes.

Token, par Gabriel Robinson

Token est un jeu issu d’une des éditions du ZineQuest. Il s’agit d’un jeu de rôle pour deux joueurs, basé sur le moteur de Trophy. Un des joueurs va jouer le Seeker, un personnage solitaire s’aventurant dans une zone sauvage (The Forest) pour y rechercher un être de légende, un monstre. L’autre joueur joue cet être, le Dweller. Qui va lui aussi aller à la rencontre de l’autre personnage. Leur rencontre sera l’épilogue de la partie.

Le jeu repose sur une mécanique toute simple de récolte de jetons. De tokens. Il faudra en récupérer trois pour déclencher la fin de la partie et la rencontre entre les deux êtres. A moins que la Forêt ne les récolte en premier et engloutisse les protagonistes. Ou qu’un des deux personnages ne succombent à ses Cicatrices/Scars. Chaque personnage étant isolé, l’autre joueur jouera en quelque sorte un rôle de meneur, de directeur de scène pour l’autre personnage. Les rôles sont bien cadrés sur qui a la main sur quoi. La mise en page, claire, efficace et très inspirée (on retrouve la patte Trophy) aide en cela. Les illustrations sont très dans le ton.

J’aime beaucoup la manière dont le jeu prévoit cette rencontre. Au début de la partie, chacun des joueurs possède un secret concernant l’autre personnage. Secret qui ne sera révélé qu’à l’épilogue. Lors de la rencontre. Et qui pourrait la chambouler. Aussi, chaque personnage possède un Instinct. Une phrase qui guide ses actes. « Je cherche à tuer le monstre qui hante ces lieux afin de protéger ma communauté. » Au fur et à mesure de la partie, le joueur modifiera cet instinct, en changeant quelques mots à chaque fois. Cela reflètera l’évolution de son personnage, de sa quête. Malin.

Au niveau du contenu, Token propose un grand nombre de tables aléatoires. Que ce soit pour créer son personnages, pour générer l’environnement, pour définir des instincts, des secrets. Des tables intéressantes avec une excellente ergonomie. On retrouve aussi des règles alternatives pour jouer en solo ou pour édulcorer le thème (très horreur, très gothique) pour jouer avec des enfants (une page chacun, c’est léger). Et puis on dispose de plusieurs scénarios, qui mettent en scène des cadres particuliers avec des protagonistes prédéfinis. Tables aléatoires dédiées, introduction, ils permettent de voir le potentiel du jeu et comment l’ouvrir à de multiples horizons.

Le jeu à deux n’est pas forcément ma zone de confort, mais Token me donne envie de le découvrir. J’ai volontairement exclu le jeu à deux de Face au Titan, parce que je n’avais pas l’expérience de ce mode, et que mécaniquement je ne voyais pas trop comment faire. Et bien, Token ressemble à l’ambiance que pourrait avoir un Face au Titan à deux joueurs.

Token n’est pas encore disponible (sauf pour les backers) mais ne devrait pas tarder à être sur itch.io et DriveThruRPG.

The Last Adventure, par D. Vincent Baker

Troisième numéro de The Wizard’s Grimoire par D. Vincent Baker, après celui consacré au Sorcier puis celui du Barbare. Dans cet opus, direction la Terre des Morts pour y vivre une dernière aventure. On garde les mécaniques et le principe des précédents opus. Le joueur principal joue un personnage et gère toute la partie règles. En face, deux volontaires (qui peuvent changer de partie en partie) répondent à ses questions sur l’environnement, sur les PNJ, en utilisant pour les aider un livret compagnon rempli de tables aléatoires, de propositions (et de quelques secrets). Niveau mécanique, on lance X dés (selon les caractéristiques) et on compte les 4+.

Dans The Last Adventure, on va jouer un ancien héros, à la retraite. Puis mort. Et donc transporté sur la Terre des Morts. Un monde sans fin, un purgatoire. Où il va errer. Cherchant le repos, cherchant des réponses, des souvenirs, des compagnons. Il y a du doux-amer, des rencontres amicales et d’autres hostiles, des endroits étranges, merveilleux et horrifique à visiter. Et de belles surprises sur le chemin.

C’est encore une réussite que cet opus. Peut-être moins accessible que The Barbarian’s Bloody Quest, par ses thèmes, mais cela donne sacrément envie de s’y plonger. Et petite surprise, un troisième livret Compagnon est venu se glisser avec An Ancient Monster, qui permet à un autre joueur de vous accompagner sous les traits d’un compagnon monstrueux, animal, à la communication limitée.

La saga continue avec The Thief & The Necromancer qui vient tout juste de se terminer, et qui va permettre de jouer à deux joueurs principaux. Une saga dont vous réentendrez parler dans ces colonnes.

The Last Adventure est disponible sur le site de D. Vincent Baker.

Les Chroniques de Pargate, chez Cosmo Duck

Petit jeu de cartes financé sur Ulule, les Chroniques de Pargate n’est pas vraiment un jeu de rôle. Plus un moteur à histoire. Mais comme c’est mon blog, je fais ce que je veux. Bref. Publié chez Cosmo Duck, conçu et illustré par Maël Nicolazo, ce jeu nous invite dans un univers de fantasy assez étrange, aux inspirations multiples, aux créatures étranges, aux esprits présents.

Dans cet univers, nous allons raconter des histoires à plusieurs. Pour cela, un scénario à trou que nous allons compléter à la fois par nos idées, en terminant des phrases, mais aussi en utilisant des cartes. De personnages, d’objets, de lieux, de créatures. Par un astucieux jeu d’icônes, le texte nous invite à réutiliser un personnage, un lieu, un objet. On tire une carte Personnage, et celui-ci devient notre personnage central. Une illustration, une courte description, un nom suffisent à nous donner assez de billes pour parcourir Pargate.

Les scénarios n’imposent rien et ressemblent plus à des structures dramatiques classiques.

A fait ceci. Il a besoin de B pour finir. Il doit aller à C parce que … Et là surgit D ! Qui a besoin de … ?

Cela fonctionne plutôt bien. On ne va pas interpréter le personnage, mais raconter son histoire, à tour de rôle comme dans un cadavre exquis. A nous ensuite d’enrichir cette histoire, de poser des questions. Et de revenir à cet univers. Qui m’a bluffé. Par ses illustrations, ses thèmes, la facilité d’amener des pistes par peu de texte, par l’image. On se crée facilement son Pargate, et c’est vraiment bien fait. J’y joue avec Alicia, 8 ans, qui en redemande. Et adore le Terx.

Disponible en boutique, et plus d’infos sur la page de Cosmo Duck

Epyllion, de Marissa Kelly (chez JDRLab)

J’ai récemment reçu Epyllion, de Marissa Kelly, publié en français chez JDRLab via un financement participatif. Un très bel ouvrage grand format (qui change de ce que je lis d’habitude), qui nous plonge dans un univers draconique plein d’aventures.

Epyllion est un PBTA qui met en scène de jeunes dragons, issu d’une même couvée, dans un univers totalement draconique : en dehors des animaux, aucun autre type de créatures. Des dragons avec des âges et des tailles très différentes, et donc des installations adaptées aux très grands dragons. Le tout avec une menace intangible, l’Ombre, qui rôde.

On est sur un PBTA assez classique, avec un accent mis sur la coopération et l’entraide. On fait circuler des gemmes d’amitié, qu’on peut utiliser pour s’aider, pour la magie. Les moves sont bien expliqués, agrémentés d’exemple, et les livrets permettent de vraiment choisir ce vers quoi on veut se diriger.

Le jeu est orienté jeunesse, et fait invariablement penser à Mon Petit Poney dans l’ambiance, dans le propos et dans la gestion du groupe. Mais avec des dragons. C’est assez court à lire, facile sans doute à prendre en main, et très bien mis en page et illustré. Des articles sur l’univers complètent l’ouvrage, mais je ne les ai pas lu. En tout cas, il se peut qu’il trouve place à ma table pour jouer en famille.

Epyllion est disponible sur itch.io

Heirs to Heresy, par Alan Bahr

Si vous suivez ce blog, voir ce jeu ici pourrait vous surprendre : un jeu très classique dans sa proposition, du meneur avec joueur, un système classique, pas vraiment ce que je commente habituellement. Et pourtant …

Il m’arrive parfois de craquer sur des jeux « traditionnels », et celui-ci avait plutôt bonne presse.

Dans Heirs to Heresy, direction Paris et le sinistre vendredi 13 qui verra la chute des Templiers. On va jouer un groupe de ces Templiers, qui arrivera à quitter la capitale, chargés d’une relique à mener en lieu sûr. Pas de campagne, mais un framework adaptable avec plusieurs propositions, selon la longueur souhaitée de la campagne, le niveau d’ésotérisme souhaité.

On peut partir sur du médiéval pur jus sans magie, de la magie juste esquissée, peut-être réelle ou juste le fruit de superstitions, et puis on peut aussi choisir d’avoir de la magie au premier plan.

Ce que j’ai tout particulièrement apprécié dans ce jeu, ce sont les à-côté qui montre qu’un jeu avec une structure et un système plus traditionnel peut quand même être sacrément moderne. Le sujet un peu touchy des templiers est évacué en une page. L’auteur ne botte pas en touche et annonce directement la couleur : pas de place pour la haine ici, ni pour ceux qui utilisent les attributs et l’héritage des templiers pour la propager. C’est pas un bout caché, c’est en pleine page d’introduction.

De même, les conseils sur le réalisme historique sont bienvenus : on est là pour jouer et pas pour étaler une science. On joue des héros dans l’histoire (d’ailleurs, les conseils de combat sont là pour mettre en valeur les personnages face à l’adversité, pas pour les tuer, c’est cool). Ou des héroïnes. Les prétirés sont d’ailleurs très variés et présentent une majorité de femmes, et des origines très diverses.

Je vais regarder un peu plus attentivement les productions d’Osprey. Que ce soit par le volume (qui reste digeste), la proposition (très cadrée, ça fait du bien) et le propos, ce jeu montre qu’on peut faire du JDR dans un format classique tout en étant très moderne.

Découvrir Heirs to Heresy sur le site d’Osprey

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